Définition du concept Enfant de la Rue :
Le dictionnaire encyclopédique pour tous (1990) considère comme Enfant et Jeune de la Rue toute fille ou garçon n’ayant pas atteint l’âge adulte et pour qui la rue, au sens large (bâtiment abandonné, terrain, plage etc), est devenue la demeure habituelle et le moyen d’existence. Il n’est ni protégé, ni encadré par des adultes responsables.
Jack Riley, cité par Jacqueline PIRENNE (1989, P.30), devenu expert des Nations Unies, a observé ce phénomène dès 1964 et parle des enfants vagabonds échappant à toute règle familiale, faisant leur vie sur les trottoirs.
J. Pirenne s’interroge sur la probable définition de ce concept en ces termes : l’enfant de la rue ne serait-il pas celui qui a quitté ses parents? « Quitter » au sens intime, psychologique, qui a cessé d’accepter leur confiance et leur autorité.
Les causes du phénomène Enfant de la rue:
Le phénomène Enfant de la Rue n’a pas encore été suffisamment étudié. D’une manière globale, les raisons explicatives de ce phénomène sont regroupées en deux catégories : les causes endogènes et les causes exogènes.
1. Les causes endogènes
Cette catégorie regroupe les causes qui sont dites internes à l’enfant.
Il s’agit en quelques sortes des dispositions physiques et psychologiques que la personne reçoit par l’hérédité et qui la prédispose à se complaire à vivre tôt ou tard dans la rue.
LOMBROSO et HORTON cités par MUNDAYI NSEKA, qui se retrouvent parmi les tenants de cette opinion, affirment que «les traits physiques fournissent des indices sérieux quant à la mentalité, aux dispositions ». Leurs affirmations sont faites dans le cadre de l’étude des causes du phénomène Enfant de la Rue.
En effet, parmi les indices sérieux dont ils parlent ici, il y a notamment ceux qui sont liés à la mentalité des personnes qui choisissent de vivre dans la rue.
Fort de notre expérience dans ce domaine, nous pouvons appuyer ces déclarations par les exemples suivants:
– Un enfant impulsif est plus facilement disposé à quitter sa famille pour vivre dans la rue. Concrètement, un enfant n’acceptant pas qu’on lui face des remarques, même dans la rue où les jeunes vivent et s’organisent toujours en bande, a du mal à se stabiliser car qu’il n’accepte pas la critique. Il peut alors quitter son groupe pour se joindre à d’autres groupes dès que possible.
– De même, une personne extravertie (bouillante, taquine, écrasante, imposante…), de temps à autre étouffée par les parents, peut finir par se sentir mal à l’aise dans sa famille et choisir d’aller dans la rue où elle peut laisser libre cours à ses passions, ses sentiments…
– Un enfant bien bâti ou robuste avec un esprit d’initiative bien nourri trouverait facilement dans la rue une bande qui imite les exploits de grands acteurs de cinéma. C’est ainsi que dans nos investigations, nous avons trouvé les enfants d’un même quartier transformés en une bande d’ Enfant de la Rue : les enfants de Camp KOKOLO,
Camp LUKA, MAKALA etc.
2. Les causes exogènes
Les causes exogènes sont celles qui sont imputées à toute influence de dehors, c’est-à-dire extérieur à l’enfant lui même. On peut les appeler en d’autres termes les déterminants sociaux du phénomène » Enfant de la Rue ».
Les partisants de cette thèse soutiennent que seuls les facteurs sociaux sont responsables du phénomène. Parmi les auteurs de ce courant, nous avons Jack Riley cité par PIRENNE, qui s’est penché sur ce phénomène dès 1964 en Ethiopie. Il a pu constater que le revenu familial de près des trois quarts des Enfants de la Rue était compris entre zéro et dix birrs par mois. Il est arrivé à la conclusion que seuls les facteurs socio-économiques exercent une influence sur le pourcentage des enfants qui adoptent cette voie. Dans cette catégorie il y ajoute le divorce des parents, le manque de maturité des parents, la maltraitance, l’échec scolaire, le poids des médias, le modernisme, la dégradation du rôle des aînés etc.