Au cours de ce deuxième trimestre 2014, l’association Jeunes au Soleil continue de s’organiser pour toujours mieux améliorer son action auprès des enfants de la rue de Kinshasa.
Le contexte économique et social du pays reste non favorable à la réduction du phénomène enfants de la rue. Le retour sur Kinshasa des « brigands » qui avaient immigré à Brazzaville insécurise beaucoup les plus jeunes enfants de la rue qui se cachent.
Le projet Jeunes au Soleil évolue et étant son réseau progressivement.
Les promoteurs du projet ont signé un contrat le 28 mai 2014, avec Save The Children ce qui leur permet de bénéficier d’un financement de la Banque Mondiale. Cela prend en charge l’alimentation, les frais de santé, un appui psychologique, des fournitures d’hygiène et quelques primes d’éducateurs.
Le passage en centre d’hébergement nécessite d’autres moyens matériels pour une meilleure prise en charge des enfants : amélioration des conditions d’hébergement (lits, mousses…) réfection et réhabilitation des différentes pièces de la structure.
Avec le nouveau financement, le nombre d’enfants s’accroit et les locaux deviennent inadaptés. Ils demanderaient d’être améliorés pour certains emplacements (cuisine) et d’être agrandit (sanitaire, lieu de rangement).
Les enfants :
Au 30 juin 2014, nous affichons :
– Ce trimestre, 5 enfants ont été admis au centre (dont deux filles). Il y a donc 22 enfants hébergés à la Maison Jeanne-Thérèse de 6 à 17 ans dont :
- 1 étudie au centre professionnel Dom Bosco à Masina
- 1 étudie à l’Espace Masolo à Masina Sans Fil
- 2 étudient à l’école primaire Saint Vincent de Paul à N’Djili
- 18 sont en cours d’alphabétisation, remise à niveau à la Maison Jeanne Thérèse.
– Chaque mois depuis avril, 8 à 9 enfants sont nouvellement contactés dans la rue.
– 5 enfants ont été réunifiés ce trimestre et une AGR (Activité Génératrice de Revenu) a été mise en place.
– La formation professionnelle chez un artisan a été mise en place pour deux enfants réunifiés (mécanique et menuiserie).
Les enfants sont satisfaits des prestations qui leur sont offertes. Ils sont assidus aux cours d’alphabétisation mis en place au sein de la structure. Ils coopèrent facilement aux enquêtes programmées pour eux. Notre service d’enquête se met progressivement en place pour les enfants du milieu ouvert et fait aujourd’hui un bon travail.
Les enfants réunifiés sont aujourd’hui stables dans leurs familles. Certains ont connu des tensions, mais ils ont cherché l’éducateur chargé des enquêtes de la structure et les situations se sont apaisées. Un enfant a été réunifié dans sa famille à Kikwit. L’association est en pleine démarches administratives pour la réunification de deux enfants à Tshikapa. Tous les enfants de Jeunes au Soleil proviennent du secteur de Tshangu, la recherche des familles demande de se déplacer dans des directions lointaines et souvent très difficiles d’accès. S’il existe le taxi-moto s’est sans prix fixe et du coup la plupart des enquêtes sont onéreuses et demande davantage de temps que dans un autre secteur.
Deux enfants sont en maçonnerie au collège Don Bosco de Masina proche du centre, vu les faibles résultats, l’un d’eux a été orienté dans un autre centre pour une formation plus artistique (théâtre, musique et peinture). Pour cela, nous commençons une collaboration avec l’Espace Masolo, une autre association membre du REEJER qui forme les enfants de la rue, hébergés dans des centres. Deux autres enfants sont en primaire dans une école du quartier voisin, ils ont réussi leur année et passent dans la classe supérieure. Enfin, tous les autres enfants du centre ont commencé l’alphabétisation et la remise à niveau au sein de la structure avec un enseignant qui vient chaque matin à la Maison Jeanne-Thérèse. Il a fait des groupes de niveau avec les enfants, ces derniers sont tous motivés par cet apprentissage. Certains d’entre eux vont être orientés en septembre vers un centre de formation professionnelle.
L’équipe :
L’équipe de Jeunes au Soleil est aujourd’hui composée de neuf agents :
– Une directrice,
– Deux éducateurs-enquêteur,
– Trois éducateurs sociaux attachés à la Maison Jeanne-Thérèse,
– Un enseignant pour l’alphabétisation et la remise à niveau,
– Deux éducateurs sociaux attachés au travail dans la rue : repérage et contact avec les enfants qui se trouvent sur les sites.
Le personnel de terrain ont dû s’adapter à leur nouvelle mission et ce trimestre a été leur temps d’adaptation.
Jeunes au Soleil a dû étoffer son équipe éducative pour répondre aux besoins d’accompagnement psychosocial des enfants dont le nombre croit et pour lesquels le partenaire Save The Children est exigeant quant à la qualité de prise en charge. Ce partenariat offre aussi des formations diverses pour l’ensemble de l’équipe : « communication non violente », « participation-recherche-action », « processus IDMRS (Identification-Documentation-Médiation-Réunification-Suivi) »…
La direction reste soucieuse pour un éducateur qui est en deçà du niveau requis. D’ores et déjà elle réfléchie comment l’orienter différemment.
La structure et son fonctionnement :
Fin avril 2014, nous avons eu la visite des agents du Ministère des Affaires Sociales dans le cadre des enquêtes initiées par gouvernement congolais sur la prise en charge des enfants de la rue à Kinshasa. Selon les enquêteurs, Jeunes au Soleil est parmi les structures qui font un bon travail dans le cadre de la protection de l’enfance. Cependant, quelques aspects sont à améliorer, notamment les sanitaires et la cuisine.
Le défi à venir est donc de repenser l’espace et de trouver des moyens de faire face à des changements indispensables au sein de la structure pour une meilleure prise en charge des enfants hébergés.
A la fin de ce deuxième trimestre, plusieurs travaux sont en attente de financement et important à faire :
– Construire un magasin car le salon sert aujourd’hui de dépôt. Cela est dérangeant pour les enfants, les éducateurs et la vie de la maison (1500 dollars en attendant le grand projet de mise en étage),
– La réparation de la voiture accidentée (1000 dollars).
– Agrandissement et amélioration des sanitaires et de la cuisine, construction d’une salle polyvalente supplémentaire au dessus des sanitaires (9200 dollars)
Par ailleurs, la Maison Jeanne Thérèse a montée une pièce de théâtre avec les enfants sur la vie dans la rue « la mort de Jimmy » dans le cadre de la sensibilisation sur le phénomène enfants de la rue. Tous les enfants ont participé avec joie. Cette réalisation a permis de renforcer les liens existants entre les enfants eux-mêmes, mais aussi avec les éducateurs. Par ailleurs cette pièce permet aux enfants de travailler sur l’estime de soi et la manière de se présenter et de s’exprimer devant un public avec assurance, eux qui se croyaient en marge de la société.
Les finances :
Le budget de Jeunes au Soleil a été réaménagé au cours du trimestre avec l’arrivée du financement de la Banque Mondiale. Aujourd’hui il est réparti de la manière suivante :
– 40,73 % est assuré par le consortium
– 24,01 % est pris en charge par la Banque Mondiale
– 22,69 % est financé par Jeunes au Soleil Paris
– 12,57 % doit être pris en charge par Jeunes au Soleil Kinshasa sachant que Paris peut y participer en fonction de ces apports.
Nous sommes satisfaits de l’évolution du projet en faveur des enfants de la rue. On peut lire dans les yeux des enfants la joie et l’espérance créer par ce nouveau projet en leur faveur. Ils sont fiers de se considérer enfants d’une famille et refuse d’ores et déjà l’étiquète d’enfants de la rue.
Cependant, Jeunes au soleil doit faire des efforts pour améliorer les conditions de vie dans la Maison Jeanne Thérèse.
Fait à Kinshasa le 10 juillet 2014.
Richard BAMPETA, Président